Il était une fois. Il était deux fois. Puis trois fois. Qu'importe d'ailleurs le nombre de fois qu'il pouvait bien être, ou que tout cela s'était déroulé. Nous étions à Stonehaven. Et c'est là que tout commençait. Dans une ville de taille moyenne, cent mille habitants, plus ou moins, au bord de la mer, avec port de plaisance et cadre de vie fort sympathique. Rien n'avait jamais pu déranger la tranquillité de cette bourgade charmante et attrayante, située dans la région d'Aberdeen. « Maman, maman, regarde ! C'est pas le papa de Diana là-bas ? Mais il est pas mouru ? » Ou peut-être était-ce simplement que les sujets fâchants étaient habilement tus. « Tais-toi ! On y va, dépêche-toi. »

L'on raconte des choses, sur cette ville. Mais on en entend plus encore. Davantage même lorsque l'on vit dans l'enceinte de Stonehaven. Des choses. Des choses. Des tas de choses. Et depuis si longtemps. Il y a un siècle déjà, lorsque votre arrière-grand-père, ou quel autre ancêtre savons-nous, murmurait avoir vu l'oncle Bartholomew revenir d'entre les morts, on lui disait de se taire. On l'y contraignait, même. Avec tant de violence, et depuis si longtemps, que la plupart de ces phénomènes n'étaient à vrai dire jamais révélés. On le savait. Ils existaient. Mais on les taisait. Tant et si bien qu'au fil des années, la simple idée que les morts puissent revenir d'outre-tombe était devenue absurde. Stupide. Et l'on n'y pensait plus. Et l'on avait oublié tous ces contes de bonne maman.

La vie bat son plein, comme toujours. Progressivement, sans qu'on ne sache pourquoi, les journaux ont commencé à faire disparaître la rubrique nécrologique. L'on ne parlait plus de décès à la télé, mais seulement de ce qui était autre, et n'allait pas. Car il est bien connu que le monde va mal, non ?

Mais parmi ces bonnes têtes, ne reconnaissez-vous donc pas là l'ado dont le corps retrouvé mystérieusement avait fait la une des journaux ?