Jared fouillait les poches de son jean frénétiquement, plongeant et replongeant ses mains dans son vêtement pour être certain qu’il n’inventait rien et que son esprit n’était pas en train de lui jouer des tours. Il était pourtant sûr d’être parti avec ses clés alors qu’il avait quitté son domicile le matin même pour aller faire quelques courses avant de se rendre au travail. Pas besoin de son van pour cette fois, marcher lui ferait sans doute le plus grand bien. Il commençait à faire bien froid dans les rues de Stonehaven, mais qu’importe, il avait de quoi faire avec son épais manteau en cuir noir. Il errait dans la ville, s’égarant au détour d’une impasse, revenant parfois sur ses pas. Il connaissait pourtant le chemin par coeur mais Jared ne pouvait tout simplement pas s’en empêcher, il fallait qu’il parte à l’aventure, qu’il se perde un peu pour mieux se retrouver par la suite. Et puis les environs avaient eu le temps de changer en sept ans, c’était un peu comme s’il découvrait une autre ville à chaque fois, ce qui ne lui déplaisait pas du tout.
Arrivé à l’entrée de la supérette, il avait laissé quelques pièces à un sans abris qu’il croisait souvent dans le coin. À plusieurs reprises, il avait déjà eu l’occasion de lui offrir deux ou trois trucs à se mettre sous la dent. Jared n’était pas du genre à s’arrêter sur le moindre mendiant, et d’ailleurs, rares étaient ceux qui s’attardaient vraiment. Mais le McFire lui-même n’aurait pas pu expliquer clairement ce qui l’avait poussé à se montrer soudainement si... généreux. Peut-être était-ce le changement de saison, sa libération encore récente, ou le violon de cet homme et sa façon si particulière de faire glisser ses doigts sur le manche de l’instrument ? Au fond, était-ce vraiment important de le savoir ? Pourquoi ne pas simplement dire qu’il avait agit pour la beauté du geste, rien que pour cela. Pour être gratifié d’un sourire en retour, ou n’importe quoi d’autre. Même pas forcément pour se sentir utile ou pour s’auto-congratuler par la suite, non vraiment, juste pour s’assurer que cet individu allait bien et se concentrer un instant sur ce qu'il était. L’écouter sans même lui poser une seule question, être présent l’espace d’une fraction de seconde. Jared adorait ce genre de rencontres fortuites, celles qui se faisaient tout à fait au hasard et qu’on emportait ensuite chez soi avec la conviction qu’elles étaient aussi uniques qu'éphémères. Un instant hors du temps, une discussion qui ne s'achèverait jamais véritablement, des regards qui se voulaient complices mais pourtant inconnus, et puis chacun reprendrait ensuite sa route comme si le temps qui pressait reprenait subitement ses droits sur le hasard. Les gens ne faisaient généralement pas attention à ce genre de choses, à toutes ces bulles en suspens dans l’atmosphère, ces amitiés potentielles qui avaient été avortées parce qu’il fallait se dire adieu. Il le fallait. Mais Jared n’oubliait jamais. Ces rencontres là étaient encore plus claires et vivantes dans sa tête que toutes les autres. Alors Jared aimait tout simplement les provoquer.
Il l’avait fait une fois encore, avec le même homme cependant, ce violoniste, avant de rentrer dans le magasin pour ressortir avec deux sacs remplis de denrées. Il prit soin au passage de laisser quelques biscuits à l’inconnu, le saluant rapidement avant de reprendre la route et de filer tout droit chez les Cavendish pour s’occuper de leur jardin, souriant jusqu’aux oreilles. Jared ne faisait plus vraiment la même tête à présent, levant les yeux au ciel et soufflant comme un buffle sur le point de charger. Il n’allait quand même pas défoncer la porte de l’immeuble pour regagner son appartement ? Il hésita un instant, scrutant les environs, s'assurant que personne ne pourrait le voir commettre un tel délit mais il se ravisa au dernier moment. Les interphones n’étaient pas là pour rien, autant s’en servir avant de sortir de ses gonds... Par chance, un voisin lui ouvrit la porte et il put gravir les escaliers avec l’espoir que ses clés l’attendaient sagement sur sa table basse.
Elles n’étaient pas seules à l’attendre.
Couché sur son canapé, ce jeune homme qu’il avait croisé le matin même. Jared aurait pu le secouer dans tous les sens pour lui dire de retourner d’où il venait, mais il se contenta de soupirer, incapable de condamner ce garçon à l'errance alors qu’il dormait paisiblement. Au chaud, pour une fois. Et puis, ç’aurait pu être pire pas vrai ? Il aurait très bien pu s’aventurer ici pour récupérer tout ce qui avait un tant soit peu de valeur avant de repartir comme un lâche. Non, au lieu de cela, il s’était allongé ici, tout à fait innocemment. Et Jared se disait qu’il n’était pas trop mal tombé dans le fond... Se débarrassant de sa veste qu’il posa négligemment sur une chaise qui trainait dans le coin, il se dirigea ensuite vers le petit espace qui lui servait de cuisine, songeant que l’odeur de la nourriture ou le bruit réveillerait sans doute l’inconnu. Et il n’avait pas eu tort. En se retournant quelques minutes après, il avait enfin émergé. « Hey kid. You hungry ? »
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Sujet: Re: Innocence of Sleep Lun 18 Nov 2013 - 13:26
Il faisait froid.
C'était un fait immuable, magnifique, et pour la plupart des gens c'était quelque chose auquel il ne prêtait pas attention. Ils se contentaient de mettre un pull, des vêtements plus chaud, ils se ruaient vers des boissons chaudes et sucrées pour réchauffer les coeurs et pour quelque part, réchauffer les âmes. Personne ne prêtait vraiment attention à celui qui était contraint de dormir sous les ponts et qui avait décidé que la Lune était sa raison de vivre et sa déesse... Personne, pas même le concerné, pas même Lenore, qui en cette saison était devenu le plus sauvage des animaux et la plus indomptable des bêtes. Le froid, cette température glaciale faisait ressortir ce qu'il y avait de pire en lui, voleur, menteur et joueur, il ne parlait quasiment plus à personne et tous ceux qui avaient l'audace de l'approcher le regrettait presque instantanément. Et pourtant, on aurait pu croire qu'il était habitué à une telle température. Mais si la Pologne était aride et sans vie, cette contrée-ci, l'Écosse, avait quelque chose à offrir et cette terre là ne l'aimait pas, le musicien en était persuadé. Pourtant il faisait tout comme il aurait dû, il dormait à même le sol, caché dans ce grand manteau noir qu'il avait volé. Cette nuit-là pourtant, le sommeil avait été dur à trouver, il faisait trop froid, le vent sifflait dans ses oreilles. Véritable maîtresse et éternelle insatisfaite, elle venait le tirer de ses rêves juste au moment où il commençait à s'imaginer en train de trouver le plus beau de tous les trésors.
Lenore, Lenore, Lenore, qu'elle murmurait cette acharnée, don't try to sleep Lenore. I would let you have so much more or your name isn't Lenore.
No more! Qu'il criait au vent, à la nuit et aux étoiles. No more. Qu'on le laisse tranquille, qu'on le laisse dormir. Et même le marchand de sable pouvait garder son infâme poudre, Lenore savait à quel jeu jouait cet enfoiré qui s'amusait à le nourrir de rêves brisés. Tout ça pour que Lenore dise qu'il n'avait pas été laissé seul, que lui aussi était autorisé à rêver. No more! Qu'il criait, tout seul dans le cimetière de la ville, il tenait son violon contre lui, criant jusqu'à ce que sa voix le quitte et jusqu'à ce que le soleil arrive. Lenore n'avait donc pas dormi, depuis trois jours qu'il se livrait à ce combat incessant. Et il devait bouger avant qu'on vienne le déloger de son lit factice. Alors il bougea, il mit ses lunettes de soleil, son violon serré contre lui avant de bouger. Il alla se placer à l'un de ses endroits préférés, là, juste devant le petit supermarché de la ville, et plaçant le violon sur son épaule, il joua. Il plaça l'archet sur les cordes, ses doigts trop engourdis pour jouer les fous furieux aujourd'hui, et il joua. Les premières notes apaisèrent rapidement Lenore, douces, sucrées, longues, comme le baiser d'une mère sur le front de son enfant, le genre de chose que le polonais n'avait jamais eu, qu'il se contentait d'imaginer, de jouer et de rêver. Il s'interrompit quand on l'approcha, un faux sourire se dessinant sur ses lèvres alors qu'il courbait l'échine volontaire, baissant ses lunettes pour faire face au nouveau venu. Massif, imposant, et pourtant avec un sourire qui se voulait réconfortant, l'inconnu lui donna quelques biscuits et Lenore murmura un merci dans sa langue maternelle, un simple "Dziękuję."
Ses yeux s'attardèrent longuement sur les poches de l'homme, un objet qui scintille dépassait et trop rapide, trop rapide pour cet homme qui jonglait avec ses sacs de course, la main de Lenore subtilisa l'objet. Il continua de sourire pendant un instant, regardant l'homme s'éloigner. Quand il fut loin, Lenore put examiner ce qu'il avait réussi à avoir : des clés. Lenore savait où cet homme habitait, oui, plus d'une fois, impressionné par sa carrure et ses grandes mains, il l'avait suivi, aussi léger qu'une ombre, il voulait savoir quel genre d'homme se permettait de lui donner des pièces. Lenore retraça donc ce chemin qu'il commençait à connaître, faisant tourner les clés entre ses doigts, toujours son sourire en place, si fier de son butin. Oh Lenore you sweet devil... You're going to be in so much trouble. Il s'en foutait et il rentra dans l'immeuble avec une aisance folle, il testa la clé sur plusieurs portes, récoltant même quelques expressions choquées, il se contenta de sourire et de prétendre qu'il venait rendre ses clés à un amis. "Vous savez grand? Comma ça?" Il leva la main et dut se mettre sur la pointe des pieds pour que le fameux voisin comprenne. "Oh McFire? Oui, par là... Mais vous arrivez bien tôt... Il ne doit pas être là." Tant pis, au moins Lenore avait un nom... ou un prénom? Peu importe, il rentra dans l'appartement et il ne fut pas du tout choqué par la maigre surface que possédait ce McFire. Non. Sans vraiment s'en rendre compte, alors que ses yeux parcouraient la pièce à vivre, il se défit de son manteau qu'il laissa sur le sol, comme les clés. Il ne s'arrêta pas là non. Le reste de ses vêtements aussi, son violon sur le sol, et il arriva complètement nu dans la salle de bain, petite elle aussi, mais tant pis, il y avait de l'eau chaude et cela réussit à le faire sourire pendant de longues minutes. Il profita allégrement de sa trouvaille et resta sous le jet d'eau chaude pendant au moins une bonne demi-heure. Il avait chaud, sa peau brûlait, son épiderme criait stop et son âme criait encore. Les minutes passèrent et Lenore fut contraint de sortir, l'eau chaude ayant tout simplement disparu. Il sortit, la peau encore rougiteet ne remit même pas ses vêtements à lui, non, parasite jusqu'au bout, il attrapa tout ce qu'il trouva sur le sol et l'enfila. Il avait l'air ridicule dans ce pull qui avait l'air d'une robe sur lui mais cela le fit bien rire. Il devait partir. Oui. Mais pas avant d'avoir essayé ce canapé.
Confortable, se dit le polonais alors que sa tête trouvait un coussin. Trop confortable, se dit-il encore en fermant les yeux. C'était agréable comme sensation. Pas de vent, plus de froid, juste ce vêtement confortable et sa peau toujours tiède grâce à l'eau. C'était confortable. Lenore ne se rendit même pas compte qu'il s'endormait, mais il le fit, plongeant dans les bras de Morphée et le vide parfait. Lenore aurait pu dormir pendant des heures, des années même mais une odeur commençait à emplir peu à peu son univers onirique, lui rappelant qu'il avait faim, désespérément faim. Il ouvrit les yeux soudainement, prenant une profonde inspiration, car il avait trop dormi à son goût... Lenore se redressa, passant une main sur son crâne rasé, guère surpris de le voir là, lui, le McFire. Lenore aurait pu sourire, s'excuser car au réveil, il était encore innocent mais la question fit apparaître une grimace. "Don't call me kid." lança rapidement Lenore. Il commença à s'étirer sur ce canapé, replongeant dans les coussins et faisant craquer ses os en poussant un gémissement, tel le plus sauvage des chats, ses yeux fixés sur le McFire. "Jestem głodny." Lança Lenore. Mais on ne le comprendrait certainement pas. Il s'éclaircit la gorge et répéta. "And yes... I'm hungry." Quel doux euphémisme. Cependant, il y avait quelque chose qui clochait dans tout ça... "By the way... you see a stranger on your couch... you don't freak out or anything? I don't mind but... Why?"
Jared T. McFire
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Sujet: Re: Innocence of Sleep Dim 1 Déc 2013 - 18:49
Les lèvres de Jared s’étirèrent en un fin sourire lorsqu’il entendit la voix du jeune homme lui répondre de ne pas l’appeler ainsi. Pourtant, il avait bien l’air d’un gamin, il ne pouvait tout simplement pas être aussi chétif et avoir si peu d’écart avec Jared. Mais le jardinier ne broncha pas, remuant les lardons qui cuisaient dans sa poêle, un air relativement satisfait de lui-même sur le visage. Il écoutait l’autre homme attentivement, haussant un sourcil lorsqu’il l’entendit parler une langue qui n’était pas la sienne. Au moins il avait faim, ça tombait à merveille étant donné que Jared avait encore vu les choses en grand et qu’il s’était mis en quête de cuisiner pour tout un régiment. Il leur en resterait certainement pour les jours à venir, si toutefois ce jeune homme voulait repasser pour se servir. Et puis d’ailleurs, il n’était même pas obligé de taper dans les restes, il pouvait tout aussi bien prendre ce qui l’intéressait, il y avait toujours de quoi se mettre sous la dent chez le McFire. Enfin pour cela, il faudrait déjà qu’il remette les pieds ici. Ou même qu’il reparte. Et très franchement, Jared n’aurait sans doute pas pu vivre avec ça sur la conscience. Oh bien sûr il aurait compris facilement. Quand on erre dans les rues pendant tout ce temps, c’est peut-être un peu difficile de s’habituer aux murs et aux cloisons dès le début. Au final, la liberté a parfois un goût amer et elle finit par en emprisonner certains ; dehors.
Jared se retourna enfin quand il fut certain que cela ne mettrait pas en péril le plat qu’il était en train de préparer. Il était sur le point de répondre mais il fut coupé dans son élan en constatant presque immédiatement que l’inconnu portait les vêtements qu’il avait laissé trainer la veille dans sa salle de bain. « Wait... Is it my sweater ? » Le doigt pointé vers le garçon, il fronçait légèrement les sourcils avant de faire un geste de la main lui indiquant de laisser tomber l’affaire. « Nevermind that. If you need clothes, take whatever you want. I only have one suit though so... Oh and I must have a box full of clothes that I’m not wearing anymore in my van, you could see if there’s anything in there that you might like… » Mais Jared s’emportait, et alors qu’il était sur le point de lui proposer une petite virée shopping pour refaire intégralement la garde robe de cet individu dont il ne connaissait toujours pas le prénom, il se remémora soudainement la question à laquelle il n’avait pas encore répondu. Jetant un rapide coup d’oeil à ses casseroles pour voir si tout se passait bien, il sourit brièvement avant de reprendre. « And to answer your question… I don’t see why I should be freaking out. I know you right ? I mean, I’ve seen you before. You’re the guy who plays the violon, it’s not like you’re a complete stranger... And besides, you were just sleeping here, how could I have been frightened ? » Il haussa les épaules, regagnant le peu d’espace qui lui servait de cuisine, jugeant qu’il était temps de tout retirer du feu. Sa réponse n’était sans doute pas satisfaisante, il s’en doutait bien. Mais à quoi bon tenter d’expliquer qu’il avait fait de la prison et qu’il savait reconnaitre les gens louches de ceux qui ne l’étaient pas ? Après tout, ce garçon aurait pu croire qu’il avait été incarcéré pour des faits absolument atroces, et il n’était pas question de l’effrayer aussi rapidement juste sur des suppositions. Et puis, pour lui, cet homme n’avait pas pu tout simplement subtiliser ses clés pour venir se réfugier ici. Non, Jared était assez maladroit pour les perdre en cours de route, et quoi de plus normal que de les ramasser pour venir les rendre à son propriétaire. Ce n’était pas bien grave s’il en avait profiter au passage, pas vrai ?
Il égoutta les pâtes avant de les mettre dans un saladier, y ajoutant rapidement la crème, les oignons et les lardons qu’il avait fait mijoter avant de remuer le tout. Il fit volte face, brandissant fièrement son plat, arborant un sourire tout aussi satisfait et invita le jeune homme à passer à table en posant leur repas sur la petite table basse qui se trouvait à deux pas de la minuscule kitchenette. Jared récupéra deux fourchettes au passage et en donna une au garçon avant de venir s’asseoir par terre, prêt à faire honneur à ce qu’il venait de préparer. Il se rendit compte alors qu’il avait oublié un détail. « Oh yeah right. I don’t usually bother with plates, if you need one it’s in the cupboard right behind you. » Jared fit signe au garçon de venir se joindre à lui, mâchant déjà les premières bouchées comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours. « By the way kid, what’s your name ? »
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Sujet: Re: Innocence of Sleep
Innocence of Sleep
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