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 Besoin d'un coup de main

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Roy O'Malley

Roy O'Malley

nowhere we can hide





› Célébrité : Ian Bohen
› Messages : 21
› Arrivée en ville : 18/09/2013

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MessageSujet: Besoin d'un coup de main   Besoin d'un coup de main EmptyLun 18 Nov 2013 - 23:25

Qu'est ce que je fous dehors à cette heure-là, franchement ?

Les vieux de mon âge, ça devrait rester cloîtré dans leur petit salon douillet, en compagnie d'une bière et d'une émission bien ringarde. Des fois, je regrette vraiment d'être ce que je suis. Un mec qu'assume pas son âge et qui va chercher la merde. Hey. Non. Je ne l'ai pas cherchée, c'est ce connard qui est venu s'écraser sur mon poing. Que je le reprenne en train de tripoter le cul d'une serveuse, cet enfoiré, je lui ferai bouffer son anatomie. Mais je dois avouer que me battre contre cette machine alimentée en testostérone ne fut pas ma plus glorieuse idée. J'ai un coquard, l'oeil gauche enflé, un mal aux côtes au point où chaque inspiration me fait me tendre tout entier, mais le pire reste bel et bien ma jambe. J'erre depuis des heures dans le froid, dans les rues, pour oublier la douleur, pour l'inhiber dans un coin de ma tête, pour me concentrer sur cette marche méthodique, cadencée. Héritage de ma carrière militaire. Une carrière bien trop courte, d'après mon père. Aussi courte que ce qu'il me reste de jambe, pauvre con ? Je serre les dents, ruminant de vieux souvenirs tout en m'appuyant sur ma canne.

Mais la prothèse de plastique frotte, malgré le coton que j'ai mis à l'intérieur. Il frotte, m’irrite, au point où chaque pas, chaque pression, est une véritable torture. Comme si un hérisson s'était foutu là et qu'il lardait ma chair fragile de ses pics acérés. Si, encore, ce n'était que ça. Je ralentis le pas, mais ma jambe n'en fait qu'à ma tête. La douleur remonte le long de ma cuisse. Comme un serpent venimeux, un reptile glacé qui force le passage de mes veines, les brûle de son poison corrosif. J'halète plus bruyamment, je dois même m'arrêter et me tiens à ma canne en grimaçant. Je sens mon cœur pulser jusqu'à l'extrémité de mon moignon, comme si il voulait chasser cette saloperie, cette souffrance qui prend ses ailes, étire ses racines dans ma chair, plus profondément à chaque seconde. Je m’assois sur le rebord d'un trottoir alors que les fourmis remontent dans mon bassin. Regarde dans quel état tu es, Roy. Il te reste un demi siècle à vivre et t'es même plus capable de traîner ta pitoyable carcasse le long d'une ruelle. Dans quelques années, tu seras bon à être balancé à la déchetterie, tu finiras par te faire dessus comme un pauvre aliéné, si t'as pas perdu la boule entre temps...
Je masse ma cuisse au dessus de ce qu'il reste de mon genou. Mes muscles sont tétanisés et assez rapidement, la douleur atteint enfin ce qu'elle cherchait : mon bassin, mon coccyx, et voilà qu'elle me remonte dans le dos. Je m’agrippe à mes vêtements, j'essaye de respirer, mais l'angoisse me saisit, me cloue les entrailles, me broie les poumons. Je ne supporte plus la souffrance. Je ne supporte plus la douleur et tout ce qu'elle me rappelle. Dans un brusque élan de violence, j'assène un coup de poing à ma cuisse, un deuxième, comme on frappe sur un ordinateur dans le vain espoir de le faire marcher, comme on se permet d'user de violence envers son pauvre écran de téléviseur quand l'image vascille... Sauf que c'est ma conscience qui va bientôt trébucher. C'est ma dignité qui s'évanouit. Je me sens comme un gamin. On croit qu'une fois adulte, les peurs les plus archaïques disparaissent... Mais non. Elles n'attendent qu'une occasion pour resurgir. Pour nous assaillir. J'ai peur de mourir. J'ai peur de m'évanouir. J'ai mal. J'en viens à me dire... que me couper la jambe pour de bon m'aidera peut être. Qu'on m'arrache tous ces nerfs qui se relient les uns aux autres. Qu'on bloque le passage... à cette gangrène.

Cette douleur qui monte, grimpe, envahit tout, même mon esprit. Cette douleur, fidèle compagne de mes peurs, qui les ramènent à ma conscience, qui l'affaiblit pour que je leur succombe. Pour qu'un jour, je finisse comme ces « camarades », dans un hôpital pour fous ou une balle dans la tête. Je ne veux pas mourir. J'en ai assez de souffrir. Je veux juste vivre.. vivre comme tout le monde, vivre malgré tout ce qui a voulu me traîner par le bas... C'est d'une main tremblante que je parviens à envoyer un SMS à Catherine. Mon portable ? Un vieux Nokia qui a probablement survécu à la première guerre mondiale. Après tout, il reste intact quand je le balance contre un mur ou quand Matt l'a fait tomber du deuxième étage. Dieu, si je meurs, je veux me réincarner en un vieux Nokia tout pourri...

Ps : Contenu du SMS
« Catherine morphine urgent » suivi du nom de la rue.
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